sex foot rock'n'roll
Entretien avec Alain Couriol Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par doctor avalanche   
11-06-2010

Nous avons rencontré pour vous le très sympathique Alain Couriol. Simple, humain, abordable ... Alain Couriol nous ouvre les portes de ses souvenirs lors de cette entrevue.
Qui ne se souvient pas de son but lors du match des coiffeurs contre la Pologne lors de la Coupe du Monde 1982 ?

Alain Couriol

Foot Nostalgie : Quels sont les footballeurs qui t'ont fait rêver dans ton enfance et t'ont donné envie d'embrasser le métier de footballeur ?
Alain Couriol : Pelé, c'était le plus grand joueur du monde. Même si on le voyait moins à la télé que les joueurs actuels, tout le monde en parlait. c'était une icône, il était black comme moi, donc je me suis de suite identifié à lui. Une fois, alors que je rentrais de l'école avec un mauvais bulletin et que bien sûr mes parents m'avaient réprimandé, j'ai dit à ma mère que de toute manière tout ceci n'était pas si grave car Pelé lui n'était pas allé à l'école et s'en était sorti balle au pied! Et bien entendu je me voyais devenir joueur professionnel comme mon idole!

Foot Nostalgie : Quel est ton club de coeur ?
Alain Couriol : Le Red Star, qui comptait beaucoup de joueurs antillais dont certains avaient joué avec mon père qui lui aussi était joueur de football. On allait au stade à l'époque voir jouer à la fin des années soixante les Robinet, Taillepierre, qui après venaient à la maison. Dès que j'ai commencé à jouer à Sarcelles, mon objectif principal était de rejoindre un jour le Red Star. Ce qui en fait s'est fait relativement vite car dans mon bâtiment habitait un dirigeant du club, Mr Vergnes, qui nous voyait tous les jours jouer dans la rue. Un jour, il m'a pris à parti et m'a demandé si je voulais rejoindre le Red Star. Moi prudemment, je lui ai demandé d'allé demander à mon père, qui bien sur a accepté. Bien entendu au fond de mon moi, j'étais très heureux de ce premier transfert de Sarcelles au Red Star, qui était à l'époque le club de la région avec Viry-Châtillon, on ne parlait pas du PSG bien sur.

Foot Nostalgie :
Quel entraîneur t'as marqué ?
Alain Couriol :
Les 3 entraîneurs que j'ai eu à l'INF Vichy m'ont profondément marqué, Francisco Fillo, qui est aujourd'hui à Manchester et qui m'a fait débuté en 3e Division, Pierre Michelin, qui ensuite est parti à Lille, avec qui on a gagné le titre de champion de France et Pierre Mosca.

Foot Nostalgie : Comment s'est passéton séjour à l'INF Vichy ?
Alain Couriol : Le Pied ! Avec l'armée, c'est une de mes meilleures ambiance de vie de groupe. On était jeune, sans nos parents derrière nous, on jouait au football tout en s'amusant. Le jeu primait avant tout. D'ailleurs pour moi, le football n'est pas un métier mais un amusement pour moi.

Foot Nostalgie :
Et tes collègues de promo ont-ils suivi ta belle carrière?
Alain Couriol :
Pas assez à mon goût car on avait vraiment un super groupe qui a trusté les victoires... Alain Fiard bien sur af ait une belle carrière, Loiseau.. Sinon Deplagne qui a joué à Montpellier comme Gardien, Sidaine aussi comme Gardien de but, Ricard n'ont pas eu la carrière qu'ils méritaient hélas.
Je me souviens d'une anecdote en Gambardella d'ailleurs. On était en finale, finale qui exceptionnellement n'avait pas lieu en lever de rideau de la Coupe de France mais en Haute-Loire dans une ville dont j'ai oublié le nom... Mais cela n'altérait en rien notre fierté de disputer ce match face aux jeunes du PSG. Tout le gratin de la fédération était là. Et voilà que les joueurs du PSG débarquent avec des survêtements vraiment dignes d'un club pro... et nous voilà nous avec nos survêt' de l'INF Vichy où nous avions dessiné nous mêmes les écussons. Dans le couloir c'est vrai, on avait un peu moins d'allure, mais on a trouvé qu'en plus, les joueurs du PSG avaient une très légère tendance à en rajouter un peu en nous regardant de haut d'ailleurs. Ils avaient vraiment l'air de nous prendre pour des pauvres gars... On s'est vraiment senti blessés... Je vous promet, cela a décuplé notre motivation pour ce match! et on les a tapé 3 à 1. J'ai même marqué une but dans un angle impossible. Sur un de mes débordements, j'ai vu que le gardien du PSG, Franck Meyrelle attendait que je fasse un passe en retrait a Simey Ihily qui était au point de penalty. J'ai mis une praline, légèrement de l'extérieur, direct dedans!


Alain Couriol en famille

Foot Nostalgie : Quel est ton plus beau but ?
Alain Couriol : Pour moi, il n'y a pas de plus beau but. Tous les buts sont importants. De toute manière je n'ai jamais été un joueur très spectaculaire. Tous mes buts m'ont provoqué une jouissance énorme.

Foot Nostalgie : Quel souvenir gardes-tu de ta première sélection en équipe de France?
Alain Couriol : Je vais peut-être vous surprendre mais même si être sélectionné en France A est bien entendu une joie immense, ma sélection la plus a été la première fois que j'ai été sélectionné en Equipe de France Amateur. J'étais à Vichy en 1ere année. Cela faisait quelques matchs que je jouais en 3e division, après un match à Corbeil-Essonnes gagné 3 à 1 où j'avais fait un hat-trick. Dans les tribunes, l'entraîneur de l'Equipe de France amateur, Gaby Robert m'a repéré. Dans la semaine, j'ai reçu un appel pour que je vienne jouer un match contre les Pays Bas. Malheureusement, on n'a pas trouvé d'avion ou de train pour que je puisse me rendre au match. J'ai pleuré tout ce que j'ai pu ce jour-là... Quelle déception... Mais heureusement, j'ai pu participé au match retour quinze jours plus tard à Montaigu. Malgré que j'ai été remplaçant ce jour-là, j'ai ressenti une fierté énorme par rapport à ma famille qui était alors a La Réunion, à mon parcours, car même si je voulais devenir professionnel, je ne me voyais pas une seconde avec le maillot bleu même en amateur. C'était plus que ce que je ne pouvais demandé.
Ensuite mon arrivée en Equipe de France A déroulait d'une certaine logique par rapport à mon parcours.


Foot Nostalgie : Parmi tes 12 sélections sous le maillot bleu, quelle est la plus aboutie ?
Alain Couriol : C’est sans aucun doute le match contre le Pérou au Parc des Princes le 28 avril 1982. Ce soir là je suis sorti de ma boîte, Platini mène le jeu en position avancée tandis que j’opère en piston sur le côté droit entre une position de repli et une position d'attaquant. Il s’agissait d’un match contre une équipe sud américaine, au jeu forcément très technique, et j’ai réussi à me mettre à leur niveau de technicité en réussissant tout un éventail de gestes. On s’est malheureusement quand même bien fait bouger par les péruviens qui marquent un but en fin de match et l’emportent (ndlr : Oblitas à la 82ème minute). Cependant j’ai réussi ma meilleure prestation sous le maillot bleu et même Thierry Rolland a dit que j’avais fait un excellent match. On m’a souvent dit que j’avais un style brésilien, c’est dommage que je n’ai pas rencontré plus de fois des équipes sud-américaines …

Foot Nostalgie : Et as-tu un match référence en club ?
Alain Couriol :
En club, il y a un match du 19 octobre 1983 qui est resté gravé dans ma mémoire, celui que nous avons joué avec le PSG contre la grande Juventus de Turin. Par respect, nous ne les avons pas éliminés, à cette époque le PSG était un tout petit club en comparaison avec ce monstre du football européen. On a fait l’erreur de les surestimer et de trop les respecter. Sur le papier l’affiche paraissait déséquilibrée avec la Juventus qui comptait dans ses rangs Platini et Boniek mais aussi l’ossature de l'équipe d'Italie, championne du Monde 1982 avec Cabrini, Tardelli, Scirea… mais on a fait 2-2 et j’avais marqué mon premier but au Parc sous les couleurs du PSG : je me souviens c’était sur un centre de Tanasi, le gardien Stefano Tacconi se troue et je reprends victorieusement de la tête. Lors de cette même soirée je me rappelle que Safet Susic en a fait voir de toutes les couleurs à Claudio Gentile !

Alain Couriol

Foot Nostalgie : Et la coupe du Monde 1982?
Alain Couriol : c'est un évènement très important. Avec des sensations assez proches de cette première sélection Amateur. Même si notre objectif n'était que de passer le premier tour. J'étais près a tout pour ne jouer ne serai-ce que 2 minutes. Je vous laisse imaginer alors ma joie d'être rentré régulièrement lors des matchs des bleus dans ce tournoi et d'avoir été titulaire pour le match pour la troisième place contre la Pologne. Après avoir marqué mon but, j'étais intenable ! Plus rien ne pouvait m'arriver!

Foot Nostalgie : La défaite en demi-finale n'a pas altéré ta joie ?
Alain Couriol : Cela fait parti du truc, il faut savoir l'accepter. Nous n'avions pas assez de joueurs qui jouaient à l'étranger. Notre mentalité était encore trop tendre pour pouvoir espérer gagner ce trophée. C'est la grande différence avec la génération de 98. Nous pensions trop à simplement participer et pratiquer un beau jeu et pas assez à gérer pour gagner.


Foot Nostalgie : Revenons un peu sur la coupe du monde 1982, comment as-tu vécu sur le terrain les événements lors de ce fameux France - Koweït du 21 juin à Valladolid ?
Alain Couriol : Ce jour là je suis remplaçant et lorsque Max Bossis, sorti de sa défense, marque, je me sens comme sur un nuage. Le banc laisse exploser sa joie à l’unisson. Mais tout d’un coup, nous voyons l’émir Koweïtien descendre sur la pelouse pour donner des consignes à l’arbitre et lui demander d’annuler le but. Et à la surprise générale, sous la pression de l’Emir qui indique à ses joueurs de regagner le vestiaire, l’arbitre refuse le but pourtant valide de Max. Il s’en suit un véritable désordre sur la pelouse, Michel Hidalgo et nous les joueurs entrons dans une colère folle, mais les policiers espagnols nous ramènent à la raison en nous menaçant avec leurs mitraillettes, du coup nous retournons nous asseoir sur le banc et le match reprend dans la plus grande confusion il faut le dire. Même si avec du recul cet événement est plutôt marrant, je peux vous dire que sur le moment nous étions très agacés. On est finalement passé prêt d’un incident diplomatique, et il est regrettable de voir que certains personnes extérieures au terrain peuvent changer le cours d’un match, en tant que joueurs nous sommes là pour jouer et non pas pour faire de la politique. En tout cas, Max s’y reprendra à deux fois pour marquer puisqu’il plante notre quatrième but à la 89ème minute, ce sera d’ailleurs l’unique but de sa carrière internationale !

Foot Nostalgie :
Gardes-tu un bon ou un mauvais souvenir de la demi-finale France – RFA ? Certains nostalgiques gardent malgré tout de cette défaite un meilleur souvenir que la victoire de 98…
Alain Couriol : Ce jour là, j’ai vu les dollars partir en fumée, non je plaisante car je ne pensais pas du tout à l’argent ! Dans le vestiaire, nous étions triste et malheureux mais finalement nous pensions plus à ce qui était arrivé à Patrick Battiston qu’à la défaite. Ce n’est qu’un peu après qu’on a réalisé que nous étions passé si près de la finale et de moment extraordinaire unique dans une carrière. Cette finale nous tendait la main mais je suis d’un naturel fataliste, si on ne l’a pas jouée c’est que ce n’était pas notre tour. J’avoue cela aurait constitué un rêve, mais c’était déjà là où nous étions, en effet, au début de la compétition personne ne nous attendait à ce niveau, il n’y a que nous (joueurs et encadrement) qui savions que nous avions une très belle équipe, on a été lé révélation de ce mùndial 82. Au contraire de 98 où la France en tant que pays organisateur faisait logiquement partie des favoris. Contrairement à tout ce qui a été dit ou écrit aucun match de cette coupe du monde 1982 n’a été facile, toutes les équipes sa valaient et j’en veux pour preuve ce match face à l’Autriche, ou Bernard Genghini débloque la situation alors que d’habitude tous les coup francs sont réservés à Platini. Contre l’Irlande du Nord on a également la chance qu’Alain Giresse marque un but de la tête alors qu’il mesure un mètre moins vingt ! En 1998, nous avons eu plus de chances qu’en 1982 …


Foot Nostalgie : Quelle était l’ambiance dans cette équipe de France 82 ?
Alain Couriol : Excellente car d’un côté il y avait les tauliers (comme Trésor, Janvion, Lopez …), et de l’autre les petits jeunes comme moi, Bellone, Amoros … Dans cette équipe, on ressentait encore le poids du mythe des verts, mais cela ne nous a pas empêchés de bien s’intégrer. De manière générale et quelque soit les générations je pense qu’il y a toujours une belle ambiance a sein de l’équipe de France car tous les joueurs arrivent avec énormément d’envie et de motivation.

Alain Couriol

Foot Nostalgie : Quel joueur t’a particulièrement marqué dans ton parcours de footballeur ?
Alain Couriol :
Parmi mes coéquipiers, il y a eu safet Susic au PSG, un véritable phénomène et à Monaco Ralf Edstroem un avant-centre suédois qui mesurait 1m92. Il est arrivé à Monaco en 1981, et il nous a dit que chaque année il gagnait un trophée et qu’il fallait que ça continue, et cette année là on devient champion avec une belle équipe qui comptait dans ses rangs Ettori, Amoros, Vitalis, Ninot, Christophe, Barberis, Bijotat, Bellone ... De plus Ralf était un gars adorable doté d’une technique admirable malgré sa grande taille, il faisait absolument tout ce qu’il voulait avec un ballon, il marquait des buts, donnait de bons ballons et c’était aussi un véritable gentlemen, comme le sont souvent les nordiques.
Quant à mes adversaires, c’est sans aucune hésitation Marius Trésor qui m’a le plus impressionné, il taclait fort mais n’a jamais blessé quelqu’un. Je me souviens d’une fois où il m’a fait faire un soleil : c’était avec Monaco, on jouait à Bordeaux, Humberto Barberis me lance en profondeur, le ballon se dirige vers le poteau de corner , j’élimine Gernot Rohr avec un grand pont et je pousse le ballon, je vois Marius arriver pour couper la trajectoire, je décide de me diriger à vitesse moyenne vers le ballon car je suis sûr de ma vitesse, je ralentis pour faire croire à Marius que je vais le laisser tacler la balle comme à son habitude, mon objectif est d’arriver en même temps sur le ballon pour au dernier moment utiliser ma vivacité, donner un coup de rein et l’éliminer, je pense alors je vois qu’il va tacler mais à ma grande surprise Marius n’a pas taclé le ballon, il m’a emporté avec le ballon et j’ai fait un vol plané mémorable. Marius était un monstre physique par rapport à moi qui étais relativement frêle à l’époque.

Foot Nostalgie :
Quel est le joueur actuel qui te ressemble le plus ?
Alain Couriol :
Je n’en vois pas vraiment, le seul serait peut-être Wiltord, il courre comme un dératé sur le terrain, un peu comme moi à l’époque, et sa façon de jouer ressemble un peu à la mienne même s’il marque beaucoup plus de buts que moi. De plus, nous avons aussi légère ressemblance physique, c’est en tout cas ce que beaucoup de gens me disent. Il a aussi un tempérament un peu « je m’en foutiste » et ne se prend pas au sérieux, finalement il me ressemble un peu !

Foot Nostalgie :
As-tu une anecdote à raconter ?
Alain Couriol :
En effet, j’en ai une bien bonne à raconter, lors d’un match, Ivic m’a fait jouer stoppeur. Cette année là on finit deuxième du championnat on fait une superbe saison, même si je ne suis pas titulaire, je donne tout à l’entraînement pour prouver au coach qu’il peut compter sur moi en toutes circonstances. Avec le PSG on doit donc jouer contre Metz mais lors des dernières rencontres notre stoppeur Pierre Dréossi et notre libéro Philippe Jeannol se blessent. Le vendredi soir, veille du match, Ivic vient me voir, il me surnommait « Couc » à l’époque, et me dit « Couc tu vas joueur stoppeur, tu es un très bon joueur de ballon, tu es rapide nous avons besoin de toi en tant que stoppeur» ; mes coéquipiers dans le vestiaire étaient mort de rire. On arrive le samedi au Parc, et effectivement je porte le numéro 4, ce n’était pas du bluff ! Cette saison là, Metz avait un excellent attaquant en la personne de Eric Black, mais tout Eric Black qu’il était, je l’ia mis dans ma poche ce soir là et j’ai reçu les félicitations du président Borelli et des dirigeants. Tout le monde savait que je n’allais pas faire carrière à ce poste, et je n’en avais aucune envie car cela ne correspondait pas à mon tempérament offensif.

Foot Nostalgie : As-tu gardé des maillots en souvenir de ta carrière ?
Alain Couriol :
Non quasiment pas car je n’ai jamais été un collectionneur et j’ai donné mes maillots à mes cinq frères.
Le seul que j’ai gardé est celui de mon premier match en équipe de France. Il y a peu de temps, j’ai quand même retrouvé un maillot de la Juventus dans une malle, il s’agissait du maillot de Marco Tardelli qu’il a porté lors des 1/8ème de finale retour de la Coupe des vainqueurs de coupe.
Dernière mise à jour : ( 11-06-2010 )
 
< Précédent   Suivant >
Twitter
© 2024 Foot Nostalgie