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Entretien avec Michel Oreggia sur l'OGC Nice Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par patgoblins   
01-03-2007

Historien passionné de l'OGC Nice et supporter de toujours, Michel Oreggia nous parle de son club adoré, l'entretien est signé Patrick Juillard.

Foot Nostalgie : Comment est né le club, alors que la vocation première de l'OGC Nice n'était pas le football ?
Michel Oreggia :
A sa création, en 1904, le club s'appelait "Gymnaste Club de Nice". Sa vocation était la culture physique, il n'y avait absolument pas de section de football. Il y avait d'ailleurs très peu de clubs de football sur la Côte d'Azur, à quelques exception près dont le Football Vélo Club de Nice, fondé en 1899, et qui jouait en rouge et noir. Le GC a été fondé en 1904 et ses couleurs étaient le bleu et le noir. Les années passent, des sections nouvelles sont créés, dont la section bouliste, et en 1908 se produit une scission au sein du club. Les boulistes choisissent de poursuivre dans la voie des tournois dotés de primes, en pleine croissance alors, tandis que les autres sections décident de garder un statut "amateur". Les amateurs fondent dans la foulée une section football, à l'initiative de Louis Maria, qui était un athlète extraordinaire, doué dans tous les sports. Il créera non seulement la section foot mais aussi la section rugby, la section natation, c'était vraiment un homme à tout faire ! On commence à organiser quelques matches, contre les quelques équipes de Nice, en amateurs troisième série. A l'époque, l'équipe du Gymnaste Club joue encore en bleu et noir. Peu à peu, le onze monte en deuxième puis en première série. Les choses deviennent un peu plus sérieuses, c'est la plus haute division régionale de l'époque. Pendant ce temps là, le FVC continue sa route, changeant deux ou trois fois de nom, pour finalement fusionner avec le Gallia Club. En 1919, le Gymnaste Club absorbe le Gallia et en l’honneur du FVC on leurs couleurs (rouge et noir) sont adoptées. C ’est en décembre 1924 que le club devient l'OGCN, lors une assemblée générale il est décidé de renommer l'ensemble Olympique Gymnaste Club de Nice. Le Gym était né ! Parallèlement, le club monte enfin en division d'honneur régionale, ce qui lui permet d'évoluer face aux grands clubs de l'époque, Saint-Raphaël, Marseille, Fréjus etc. En 1926, les dirigeants décident de construire un stade. Une aide est demandée à la mairie, qui l'accorde, un terrain est trouvé, au Ray, le club le loue, et le stade est construit. En janvier 1927, le stade est inauguré. Ca allait plus vite qu'aujourd'hui à l'époque…
Le club va rapidement acquérir le statut professionnel, s'inscrire en championnat. En fin de saison 1933-34, Nice, qui descend en D2, est privé du statut professionnel. Celui-ci lui sera rendu quelques semaines après le début des championnats. La saison suivante, le club est donc à nouveau admis en D2. En 1935, le club remonte et c'est l'arrivée des Espagnols…

Avec notamment dans leurs rangs, l'extraordinaire gardien de but nommé Zamora…
Certains joueurs fuyaient l'Espagne à cause de la guerre civile dans leur pays. Le premier joueur à arriver à Nice fut Samitier. Il était déjà assez âgé, à 33 ans passés. Mais il était tellement fort que l'âge n'était pas un handicap. Il prend immédiatement l'équipe en main, en devient le meilleur buteur. Puis arrive donc Zamora, considéré comme un des quatre ou cinq plus grands gardiens de tous les temps. Comme si aujourd'hui arrivait à l'OGC Nice Oliver Kahn. Le club monte alors à un bon niveau. L'ennui c'est que la deuxième guerre mondiale va commencer. Zamora devient entraîneur puis décide de rentrer en Espagne. Samitier lui succède, et fait venir deux autres Espagnols, les frères Luis et Joaquin Valle. L'aîné, Luis, était international. Joaquin, son cadet, ne l'a jamais été mais je tiens à en parler car il est le meilleur buteur absolu de toute l'histoire du club, puisqu'il a marqué 348 buts en 393 matches ! Pourtant, très peu de gens le connaissent. Il a notamment inscrit 99 buts en 134 matches de D2.

Ricardo Zamora
Ricardo Zamora (1938)

Joaquin Valle
Joaquin Valle (1938-1948)

Le club s'est donc structuré peu à peu. Dans quel état se trouve le Gym au sortir de la guerre ?
Le club se restructure mais manque ensuite de disparaître : à cause de la guerre, les caisses sont vides. Le club évite de justesse la perte de statut professionnel lors d'un match à Toulon. A ce moment là, le maire de Nice, Jacques Cotta, est sollicité, et accorde une avance au club. En 1947, 10 ou 11 joueurs sont achetés, et en fin de saison le club monte en D1. Presque tous les joueurs qui sont montés partent. L'équipe est totalement renouvelée, se maintient, progresse pour finir 6ème en 1949-50. On arrive à la saison 1950-51. Le départ est catastrophique, Nice se retrouve dernier après une dizaine de journées. L'équipe se structure, on va chercher un avant-centre en Italie, l'entraîneur, dont les méthodes ne plaisent pas à Amalfi (alors joueur vedette du Gym) est écarté. Lardi, ancien joueur de Nice est appelé pour le remplacer. Personne ne s'occupe de nous puisqu'une lutte féroce oppose Le Havre, Nîmes et Lille en tête, et, petit à petit, le Gym remonte. Jusqu'à prendre la tête à deux journées de la fin. On gagne le dernier match à Colombes contre le Stade Français 4 à 0. Nice est champion au goal-average, devant Lille, à l'ébahissement général ! Déjà… 

OGC Nice 1950/1951
La première équipe de Nice championne de France (1950-1951)
Debouts : Germain, Samuelsson, Pedini, Firoud, Mindonnet, Belver.
Accroupis: Bonifaci, Bengtsson, Amalfi, Carré, Ben Tifour

L'année suivante, Nice gagne le championnat une deuxième fois consécutive…
Oui ! Cela n'était jamais arrivé avant. En plus le club fait le doublé. On parle déjà de Carniglia. En plus d'être un bon joueur, il était entraîneur, manager, un véritable homme à tout faire en somme ! Il va prendre une part prépondérante dans les deux victoires en Coupe en 1952 et 1954 alors qu'il n'est absolument pas titulaire en championnat. C'était un monsieur très élégant, très posé, un vrai gentleman latin, très loin des Argentins fantasques que l'on a connu ensuite…
En 1956, Nice est encore champion avec lui, va en Coupe des Champions, et perd très largement contre le Real, qui gagnera cinq Coupes de suite.

C'étaient alors de vrais "galactiques"…
Absolument ! (rires)… En 1959, Nice gagne un nouveau titre ! Avec Jean Luciano, qui fut l'un des premiers Français à jouer au Real, avant de revenir en France et de se retrouver donc entraîneur du Gym. Nous retrouvons le Real en quart de finale, le match aller se joue à Nice. Menée 2-0 à la pause, l'équipe gagne 3-2 ! L'exploit est franchement hallucinant, même s'il manquait Di Stefano ce jour-là. Le Real n'avait perdu que 5 fois en 35 rencontres de Coupe d'Europe. Au retour, nous sommes un peu balayés. Dans des circonstances un peu bizarres, avec une mi-temps qui durera 54 minutes !!! Nice proteste mais le match ne sera pas rejoué, et le Real va gagner une nouvelle Coupe d'Europe. 1960 est là, et se termine la période dorée.

Les années 60 sont globalement des années de vaches maigres…

Oui. De la filière argentine, on passe au vivier niçois, champion de France des jeunes en 1959 qui a permis au club d'être champion de France en 1959. Puis ces joueurs partent et le club va alors avoir du mal, avec deux descentes en D2, suivies de remontées. La saison 1968 est miraculeuse, nous sommes deuxièmes, mais à 11 points de Saint-Étienne, ce qui minimise complètement la performance. Puis, le club descend à nouveau en 1969. C'est alors que le maire de l'époque, Jacques Médecin, tape du poing sur la table, invoque l'image de la ville et exige un changement. Roger Lœuillet, un dirigeant d'entreprises niçois, qui s'occupait également du Cavigal (football amateur), prend la présidence du club. Il m'a récemment fait cette amusante confidence : "J'ai eu plus de mal à diriger 23 joueurs que 4500 salariés". De nombreuses "pointures" vont dès lors évoluer en rouge et noir. A une époque, Nice avait cinq ou six joueurs en équipe de France.

Arrive 1973 et le fameux match de Coupe d'Europe contre le Barça…
Le Barça venait d'acheter Cruyff, le meilleur joueur du monde alors. Mais il n'est pas qualifié pour disputer la rencontre, ce qui n'empêche pas les Catalans d'être archi-favoris. La seule question est alors de savoir combien Nice va en prendre. Or le Gym stupéfie tout le monde en gagnant 3 à 0 ! Au retour, nous sommes héroïques et ne perdons que 2 à 0. Nous sommes donc qualifiés !

Nice avait complètement enflammé le match aller…
Complètement ! J'y étais, je peux donc en parler ! Dans le premier quart d'heure pourtant, on ne touche pas un ballon. A l'époque, le Barça avait un extraordinaire milieu péruvien qui s'appellait Sotil, et qui avait un peu le gabarit de joueurs comme Gallardo ou Saviola, un super dribbleur qui nous en avait fait voir de toutes les couleurs. C'est alors que Nice marque un but contre le cours du jeu par Van Dijck. Le match change alors du tout au tout. En deuxième mi-temps, Molitor en marque deux, pour finir sur ce 3-0. Mais le Barça restait assez confiant pour le match retour. Ils ne marqueront que deux buts au Camp Nou, grâce notamment au match exceptionnel de Baratelli.
Le match suivant, on reçoit Fenerbahçe, Molitor marque 4 buts, la qualification est acquise. Au tour suivant, sans Adams, expulsé en Turquie, on reçoit Cologne. Une bonne équipe allemande que nous battons difficilement 1-0 au Ray, avant d'en prendre 4 là-bas. Nous quittons la Coupe de l'UEFA en huitièmes de finale.

Qu'a t-il manqué à cette équipe des "milliardaires de la Côte" pour gagner un titre ?
Roger Lœuillet m'a dit récemment que cette appellation était injustifiée. Nice avait de confortables moyens, mais son budget n'était selon lui que le cinquième ou le sixième de première division. De quoi s'inscrire en faux contre cette appellation !
Le jeu développé par Jean Snella reste pour moi le plus beau jamais développé à Nice, mais ça n'a pas suffi… Ce n'était peut-être pas le moment. Pourtant les joueurs étaient bons, l'entraîneur était bon et le président aussi. C'est vraiment une des rares fois où les trois conditions ont été réunies. Puis Snella est parti, remplacé par Markovic.

Arrive alors l'année 1976, marquée par une lutte pour le titre avec Saint-Etienne, et d'importantes erreurs d'arbitrage en défaveur de Nice…
A l'époque il existait une vraie hystérie autour de Saint-Etienne. "Paris Match" sortait des numéros spéciaux, "France Football" était imprimé en couleur verte, on en souffrait à Nice parce que nous avions une superbe équipe. Même si on arrivait à les battre chez eux, il n'y en avait que pour les Verts ! Cette année là, on a bien cru que l'on pouvait les priver du titre. A 12 journées de la fin, on les reçoit alors qu'on est à 3 points d'eux. Si on les bat, on revient à un point. C'est le bon moment car Saint-Étienne doute : ils viennent de se faire sortir de la Coupe de France et de perdre 2-0 à Kiev, alors qu'on a sortis Bordeaux de la Coupe, et qu'on est en plein boom. Ce match sera LE match-référence du vol manifeste ! Nice domine largement, puis ça se calme un peu. Survient une première sortie litigieuse de Curkovic sur Toko. Puis, à trois minutes de la mi-temps, survient le premier scandale : Katalinski, à cinq-six mètres de la ligne de but stéphanoise, est taclé par derrière par Janvion. Le penalty est flagrant, tout le monde en est sûr, sauf M. Wurtz, qui ne voit pas ou ne veut pas voir. Une bronca immense monte dans le stade. Ca s'échauffe un peu dans les vestiaires. Au retour, Saint-Étienne marque sur un tir de loin de Bathenay. Nice égalise rapidement. A trois minutes de la fin, c'est le deuxième scandale : Huck centre, pour la tête de Toko, qui est très bien placé. C'est alors que Lopez met le poing pour détourner le ballon !!! Pas la main ni le bras, mais le poing ! Tout le monde le voit, sauf l'arbitre. Lopez se fait "incendier" par ses coéquipiers, Larqué et les autres lui passent un copieux savon. Mais les juges de touche n'ont rien vu non plus. Personne n'a encore réussi à comprendre ce qui s'est passé ce jour là.
Nice va tout de même grignoter des points et revenir à la hauteur de Saint-Étienne. A trois journées de la fin du championnat, le Gym joue à Nantes. Toko est lancé en profondeur, le gardien nantais sort de sa surface, touche la balle de la main, mais Toko l'évite et marque. Très curieusement, l'arbitre n'accorde pas le but, et donne faute et coup franc. Ce jour-là, on ne gagne pas alors que Saint-Étienne perd, c'est vraiment le tournant du championnat. Cette saison restera vraiment celle de toutes les injustices !

OGC Nice 1976 / 1977
OGC Nice 1976/1977


En 1978, Nice parvient en finale de la Coupe de France mais perd contre l'AS Nancy Lorraine du jeune Michel Platini…
Cette saison là marque la fin d'une époque. Les joueurs s'étaient lassés de ne rien gagner, il y avait des problèmes d'égo entre les joueurs dans l'équipe. Des fortes personnalités comme Guillou, Jouve, Huck ou Katalinski n'étaient pas faciles à gérer. Les problèmes n'avaient pas trop éclaté parce que l'équipe marchait bien. 1977, pourtant, est une saison moyenne. 1978 voit d'abord les choses s'améliorer, Léon Rossi remplace Markovic à la tête de l'équipe, puis l'équipe retombe un peu dans l'approximation. Mais la Coupe de France va lui donner l'occasion de remporter un titre. La finale nous oppose à l'ASNL de Platini au Parc des Princes. Ce match au Parc des Princes a des allures de revanche. Alors que l'équipe était en tête du championnat avec trois points d'avance à la vingtième journée, Nice avait reçu Nancy en match décalé, en semaine, et avait pris un 7-3 sans appel, avec 4 buts de Platini. Ce match, joué sous la grêle, restera un souvenir terrible, nous étions menés 7 à 1 à un moment de la rencontre… Hallucinant ! Inexplicable ! Nous ne nous sommes jamais remis de cette défaite, puisque nous avions dégringolé pour finir huitièmes du championnat. Malgré tout, nous étions favoris avant la finale. Pendant le match, Nice va monopoliser la balle sans jamais être dangereux ni concrétiser. Vue à des années d'intervalle, la défaite parait parfaitement logique. La claque en championnat avait pesé dans le résultat, en outre notre onze de départ était déséquilibré : des ténors étaient partis, ils avaient été remplacés par des jeunes du centre de formation, qui manquaient de métier et d'expérience… Ajoutons que le public du Parc avait pris totalement fait et cause pour Nancy. Des sifflets montaient dès que Nice avait la balle. Platini est ensuite passé par là, en marquant un fort joli but, et c'en était fini ! C'est le coup de massue définitif pour le Gym des années 70. 1978-79 est encore une saison à peu près correcte, mais le ressort est cassé. Fin 1979, tous les internationaux sont partis !

Le club ne pourra pas éviter la descente en D2 en 1982…
Arrive à ce moment là Jean Sérafin, qui va entraîner le club pendant cinq ans. Sa première saison n'est pas mauvaise, le Gym est souvent en tête mais se fait doubler sur la fin par Reims et Toulon. La saison suivante, l'équipe finit deuxième derrière Marseille et gagne le droit de jouer les barrages contre le deuxième de l'autre groupe, le Racing Paris.

Et Nice se fait complètement voler à Colombes !
Oui, un vol de plus ! On avait gagné 2-0 à Nice sur un but à limite du hors-jeu, il faut le reconnaître. Au match retour, on mène 1 à 0, mais le match est arrêté à cause de pluies torrentielles sur Colombes. On rejoue, et on mène encore 1 à 0, jusqu'à 6 minutes de la fin. Le Racing obtient un pénalty et égalise. Les Parisiens poussent, Ben Mabrouk centre alors que le ballon a très largement franchi la ligne de but. Le Racing marque, et l'arbitre accorde le but ! Le pire est encore à venir : Ben Mabrouk, toujours lui, prend la balle à 20 mètres, et fait le ménage. Il écarte tous les défenseurs sur son passage et marque. Chose d'autant plus terrible, les buts à l'extérieur ne comptent pas double pour ce tour de barrages. En prolongation, Nice se voit refuser un pénalty, puis Larsson, notre attaquant suédois, tire sur la barre. C'est le cauchemar, il faudra attendre la saison suivante pour remonter. D'ailleurs cette victoire ne portera pas chance au Racing, qui disparaîtra une fois de plus quelques années après…

Donc, Nice retrouve la D1 en 1985…

Oui, contre la France entière qui, une fois de plus, était derrière Saint-Etienne ! Nice mène le championnat, ne lâche rien et va garder de longs mois durant deux petits points d'avance sur Saint-Etienne, qui nous rattrape à la faveur de notre défaite à domicile contre Lyon, à quelques journées de la fin. Mais on se reprend, si bien qu'à la dernière journée, à Grenoble, un nul suffit à Nice. Avec une victoire 3-2, la montée est acquise. C'est assez amusant une fois de plus : toute la France du foot attendait que les Verts montent. A l'époque, l'émission "Multifoot" montrait la fin de quelques matches lors des journées finales. Toutes les caméras étaient à Geoffroy Guichard, aucune ne se trouvait à Grenoble. Cela n'empêchera pas le Gym de rester devant !

C'est l'époque du président Innocentini, qui était un chef d'entreprise très proche du maire de Nice d'alors, Jacques Médecin. Le club bénéficiait de confortables subventions municipales mais le recrutement n'était pas toujours réussi…
On peut porter à son crédit le fait d'avoir su faire remonter l'équipe assez vite, mais on peut aussi lui reprocher d'avoir vu trop grand. D'autant plus que la fréquentation du stade et les recettes ne suivaient pas du tout. La tactique de Jean Sérafin était souvent à l'emporte-pièce, le public avait du mal à s'identifier. En plus le club ne faisait jamais grand chose en Coupe de France. Le déficit se creuse donc. Facteur aggravant, à la fin des années quatre-vingt la loi va changer. Les mairies n'ont plus le droit de cautionner des emprunts qu'à un montant de 50%. Ce qui veut dire que les clubs doivent rembourser, et dans un délai donné. La Ligue nationale de football commence à regarder les comptes de plus près. Même si les clubs de foot coûtaient alors beaucoup moins cher qu'aujourd'hui : dans les grandes années, le budget du Gym tournait autour des 6 millions d'euros, soit le tiers de son niveau actuel, malgré la présence de joueurs cotés. Mais là encore, il nous a manqué quelque chose…

Sportivement, le club va avoir une bonne époque à la fin des années 80, à l'époque où Bjekovic entraînait l'équipe, avant d'être rapidement remercié, ce qui fut sans doute une erreur…
La saison de son arrivée, en 1987-88, n'est pas fameuse en championnat mais le club parvient en demi-finales de la Coupe de France. En fin de saison, l'attaque Bocandé-Kurbos-N'Dioro était totalement inarrêtable. La moitié des tirs finissait au fond, c'était inouï ! Jusqu'à la défaite en demi-finale contre Sochaux. On gagne 2-1 à Nice. Au match retour, on murmure encore qu'un sombre problème de primes aurait complètement déconcentré l'équipe. Aucun joueur de l'époque n'a voulu me le confirmer formellement, mais cette histoire me paraît fondée. Sochaux ira donc en finale avec Silvester Takac (futur vainqueur de la Coupe avec le Gym en 1997 ndlr) comme entraîneur, et perdra aux tirs aux buts contre le FC Metz, sur un coup de pied raté de Michaël Madar… Pour en revenir au limogeage de Bjekovic, la vraie raison n'a rien à voir avec le terrain : Nenad était l'amant de la fille d'un proche de Jacques Médecin. La mairie, qui appréciait très peu, a donc sommé Innocentini de virer Bjeko !

Les joueurs sud-américains ou yougoslaves sont particulièrement aimés du public niçois. Pourquoi ? L'OGCN doit il plus à sa filière de joueurs yougoslaves (Katalinski, Musemic, Bjekovic, Elsner...), qu'à sa filère argentine (Carniglia, Gonzalez, Ruben Bravo...) ?
Je pense que la filière argentine s'est imposée naturellement à Nice. Les joueurs argentins qui s'expatriaient tenaient souvent à évoluer dans une région latine. En plus quelques uns vont, au premier rang desquels Pancho Gonzalez, vont remporter des titres avec Nice. Le Gym devient alors "le" club où aller en France. Les joueurs se proposaient d'eux-mêmes, le club n'avait pas de contact particulier en Argentine… Au Brésil, un courtier en tissus et passionné de foot servait parfois d'intermédiaire, avec une petite commission au passage…

C'était en quelque sorte un agent de joueurs avant l'heure ?
Oui et non, car il était déjà très riche. C'était avant tout un amateur de football sud-américain. C'est lui qui avait fait venir Amalfi, puis des Argentins comme Ruben Bravo, Muro, De Bourgoing, Maison ou Rafael Santos. Ce dernier a d'ailleurs repris le flambeau et propose encore régulièrement au club des joueurs sud-américains.

Josip Katalinski
Josip Katalinski (1975-1978)

Nenad Bjekovic
Nenad Bjekovic (1976-1981)

La filière argentine s'est quelque peu tarie après les années soixante. Alors que les Yougoslaves ont continué de faire le bonheur de Nice bien après...
A l'époque de Tito, ils ne pouvaient sortir du pays s'ils n'avaient pas 28 ans. Mais il existait des dérogations pour ceux qui avaient déjà un certain nombre de sélections internationales. Difficile d'expliquer pourquoi beaucoup ont joué à Nice. Le premier est arrivé en 1975, c'était Katalinski, qui était l'un des meilleurs arrières européens d'alors. Cela a correspondu au départ d'Isnard, pilier de la défense niçoise pendant plus d'une décennie. Katalinski avait marqué un but extraordinaire en match qualificatif pour la Coupe du Monde 1974, qui avait été copieusement diffusé à l'époque. Le président Lœuillet avait été impressionné et tenait absolument à le faire venir. L'intérêt des Yougoslaves résidait dans leur régularité, supérieure à celle des Argentins, qui avaient parfois du mal à s'adapter en plus. Ajoutons que Nice était entraîné par Vlatko Markovic, yougoslave lui-aussi : c'est lui qui avait fait venir Vahidin Musemic notamment. Puis nous avons eu le grand Nenad Bjekovic, Edhem Slijvo, Marco Elsner, Milos Djelmas, Tony Kurbos, les frères Zoran et Zlatko Vujovic, Zoran Milinkovic etc. Tous n'étaient pas exceptionnels, mais aucun n'a laissé un mauvais souvenir !

Arrive ce fameux match de barrage en 1989-90. Strasbourg, alors en Ligue 2, bat Nice, qui a terminé 18ème de D1, 3-1 à la Meinau. Les Alsaciens font un tour d'honneur et sortent le Gewurztraminer, ils sont surs qu'ils ont déjà leur billet pour l'élite en poche. Tragique erreur, puisque Nice va les atomiser 6-0 lors du match retour au Ray !
On oublie une chose importante. Appelé en remplacement de Pierre Alonso, Carlos Bianchi est aujourd'hui considéré comme le sauveur du Gym. Mais le vrai sauveur de la saison, c'est Roby Langers ! On évite en effet la descente directe en gagnant 1 à 0 les trois derniers matches du championnat à domicile contre des équipes de haut de tableau, avec à chaque fois un but décisif de Langers. C'est encore lui qui marque à Strasbourg le but de l'espoir… D'ailleurs, les joueurs de l'époque s'accordent tous pour dire que ce 3-1 était un score sévère vu la physionomie du match. Ils vont bien renverser la vapeur au Ray, avec une réussite maximale il faut bien le dire !

Le dernier trophée remporté par le club remonte à 1997, une Coupe de France contre Guingamp. Pourtant ce titre marque le début d'un long marasme, sous les présidences de l'homme d'affaires américano-serbe Milan Mandaric puis du propriétaire de l'AS Rome, le milliardaire italien Francesco Sensi. La gestion du club à l'époque restera le modèle de ce qu'il ne faut pas faire : du pétrole, mais aucune idée !
Milan Mandaric n'était jamais là. Il a donc délégué ses attributions à diverses personnes, dont Henri Camous. Mandaric avait un plan marketing surdimensionné, tablant sur une moyenne de 15 000 spectateurs ou l'ouverture de huit boutiques. Il ne comprenait pas : il vivait aux Etats-Unis et voyait les choses à l'Américaine. Avec Sensi, ce sera encore pire ! L'explication profonde de sa venue au Gym était sans doute d'ordre "immobilier" : le président de la Roma entendait en effet construire un grand stade et réaliser ainsi une grosse plus-value. Pour le milliardaire romain, un investissement de 2 millions d'euros constituait une somme ridicule, et il s'est ensuite totalement désintéressé du club. En outre, les relations avec la mairie étaient exécrables. Dès qu'il fallait repeindre la porte des vestiaires, ça prenait six mois ! Reconnaissons juste pour finir qu'il nous a amené Pablo Rodriguez…

Quel a été le meilleur Gym de l'histoire ?
Celui de Snella, des années 1973-74.

Et le pire ?
Cela peut paraître étonnant, mais par rapport à son potentiel, celle de 1977-78 m'a profondément déplu.

Son meilleur joueur ?
Leif Eriksson. Selon un sondage effectué auprès des supporters actuels, deux joueurs se détachent : Nenad Bjekovic et Daniel Bravo.

Et le pire ?
Je crois que c'est Anthony Baffoe (défenseur ghanéen passé au Gym en 1994-95, ndlr).


(Photos @ogcnice.com)

Dernière mise à jour : ( 28-03-2007 )
 
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