sex foot rock'n'roll
Collectionneur de matchs Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par josé93   
10-04-2007

Pour que la mémoire ne s'efface jamais, un seul remède: débusquer le nirvana au Pays des Chimères...ou pourquoi Internet est devenu le terrain de jeu préféré des collectionneurs de tout poil ... notamment de ceux qui n'ont de cesse de se procurer des images que l'on croyait à jamais reléguées dans l'oubli...Accumuler des documents audiovisuels, une hérésie ? Non, un sacerdoce !

Football ... nostalgique ?

«  Et si jamais la nostalgie te prend
Tu peux toujours imaginer le pire
Sans que jamais personne puisse dire
Quand ça viendra
Et si jamais la nostalgie te prend
Tu peux toujours essayer de poursuivre
Cette comète noire qui t’enivre
Et qui s’en va »
Léo Ferré

En ces temps post-atomiques où nos homos sapiens contemporains courent, courent et courent toujours sans même prendre le temps de s’arrêter pour s’aérer l’âme, notre chère société de consommation prend la peine de nous rappeler à l’ordre.
Et même les passionnés de foot n’échappent pas à la règle.
Depuis quelques temps, la mode « vintage » affiche sa séance permanente.
Refleurissent un peu partout d’anciennes tuniques d’un autre temps, d’une autre époque qu’arborent, avec délectation des quarantenaires qui ont pris du bide, qui ont perdu des cheveux et qui dans 20 ans feront, peut-être, connaissance avec le Viagra…

Tout se collectionne !
Que ce soit dans des boutiques qui ont pignon sur rue où par le biais d’Internet, il est devenu aisé de se trouver un maillot ceint des 4 lettres mythiques C.C.C.P ou de celui du Zaïre 1974.
Et ce n’est pas sans une larme à l’œil que certains supporters des Verts ont depuis peu mis la main sur la sacro-sainte tunique Manufrance chère à leur cœur, rééditée par Duarig à l’occasion du 70ième anniversaire de l’A.S.St-Etienne.
Et les Panini ?? Qui ne s’en souvient pas !!
Ces vignettes qui s’échangeaient pour remplir maladivement un album.
En ce temps-là, « une Rocheteau » ou « une Cruyff » valait au bas mot 3, 4 obscures Jean Gallice, Hugo Bargas ou Terry Yorath à la foire d’empoigne qui avait lieu dans toutes les cours de récré de France et de Navarre !
Que de gnons échangés, que d’insultes proférées, de complots «  t’vas voir ta gueule, toi,  à la sortie ! » ourdis par des gamins-genoux écorchés pour des transactions qui se concluaient couleur mercurochrome certaines fois…
Qui aurait pu imaginer qu’aujourd’hui ces albums maintes fois triturés par tant de petites mimines enfantines vaudraient leur pesant d’or et seraient fort recherchés par des collectionneurs fous furieux qui n’hésitent pas à mettre le prix ?
L’est également tout ce qui se rapporte de près où de loin au culte de ce satané jeu qu’est le football.
Des billets de matchs, des programmes officiels, des autocollants, des verres à moutarde avec l’effigie de joueurs, des journaux, des revues spécialisées, des annuels, des disques vinyles…
Entre la psychose de la grippe aviaire et le pestiféré Chikungunya, entre la connerie humaine et la solitude, une autre maladie a fait son apparition : la collectionnite aiguë !
Et cette dernière a développé une frange de purs et durs qui n’ont de cesse de mettre enfin la main sur le Saint Graal : les documents audiovisuels.
L’essence même des souvenirs se rattachant au football !
C’est bien beau de se remémorer des joueurs, des matchs précis, des actions de jeu exactes qui ont alimenté tant de rêves de minots.
C’est bien joli d’évoquer des faits d’armes de types en culottes courtes qui cavalent après un ballon sur un rectangle vert.
Encore faut-il ne pas se tromper dans le propos.
Et si la technologie moderne  permet d’étayer celui-ci, pourquoi s’en priver ?
Car le Temps fait son œuvre dans les boites noires de tous, obscurcies par les scories de l’existence.
Ce qui fait le sel des discussions footballistiques, c’est bien le déroulement en direct live des déambulations de ces chers footeux, non ??
Que ce soit par le prisme de la TV, ou même mieux pour l’avoir vécu en chair et en os au Stade, tout n’est qu’IMAGE.
Images qui reviennent en mémoire.
Images-frisson qui s’inscrivent en lettre de feu et de sang-étroitement unies…forcément.
Images qui ne nous ont jamais quittées de par l’émotion intense qu’elles nous ont apportés, au moment où CELA se déroulait devant nos yeux d’enfant réfractaire au diktat-familial, qui nous intimait l’ordre d’aller retrouver un pseudo marchand de sable.
Qui n’éprouve pas un peu de plaisir, qui n’est pas interpellé un tant soit peu  lorsqu’au gré des diverses émissions sportives du PAF, on sort de la naphtaline de courts extraits d’anciens matchs de foot estampillés INA ?
Qui n’éprouve pas un frisson en revoyant lors de sa diffusion ces quelques secondes, pendant lequel l’espace-temps se fige, un but, une action, un dribble, un tacle, un arrêt de gardien ?
Hein ? Qui ?



Football d'hier ...
Fin des années 70, les premiers magnétoscopes font leur apparition.
C’était l’époque des V-2000 et autre Betamax…de vrais paquebots qui prenaient beaucoup de place.
Il n’y avait pas beaucoup de monde qui pouvait s’en payer un en ce temps-là…jusqu’au moment où cela s’est démocratisé.
Que me reviennent en mémoire toutes les pubs affichées par les grandes surfaces à l’approche du Mundial 1978 en Argentine.
«  Pour vivre à fond la Coupe du Monde de Football et ne rien manquer, équipez-vous d’un magnétoscope ! »
Sentence imparable clamée par le Grand Capital.
Conseil commercial  ô combien annonciateur de la frénésie qui allait arriver 4 ans plus tard, en 1982.
Tout le monde s’équipa.
Tout le monde enregistra à qui mieux mieux ce qui se déroulait sur nos écrans, d’Alicante à Valladolid.
Tout le monde se constitua une vidéothèque.
Mais personne n’avait le temps de revisionner ces montagnes de cassettes VHS qui s’accumulaient sous le meuble de la TV de salon.
Alors on entassa au fond d’armoires, on stocka dans des cartons, on rangea dans les caves nos jouets.
Jusqu’au jour fatidique, où la vie oblige à faire le tri.
Qui d’un débarrassage en règle.
Qui d’un déménagement.
Et là, la grande décision s’impose.
On garde OU l’on jette ?
Il y’a ceux qui ont préféré se délester d’un trop plein  de bandes magnétiques.
Et les autres.
Les autres qui n’ont pas le cœur de s’en séparer…parce que c’est intrinsèquement lié à leurs vertes années.
Et tout est là.
De cette époque où la Coupe du Monde Intergalactique du Quartier se jouait tous les mercredi après-midi (voire le jeudi pour les plus âgés).
Quand le football est ce qu’il y’a de plus important à vos yeux.
Des matchs qui duraient 5 où 6 heures d’affilé.
Des matchs dont la mi-temps était instaurée de force par la tartine de beurre-barre de chocolat noir du sempiternel goûter de 16h30.
Des matchs qui s’arrêtaient « au premier arrivé à 20 buts »
Des matchs biaisés l’espace de 15 minutes quand un joueur obtempérait aux injonctions de sa Maternelle pour aller effectuer une course urgente chez l’épicier du coin et laissait son équipe amputée d’une unité.
Des matchs que l’on racontait lors du dîner familial AVANT la retransmission cathodique mensuelle que l’on attendait depuis quelques jours avec impatience et frénésie.
La table débarrassée vite fait, les devoirs scolaires expédiés «  à toute berzingue » et l’on se précipitait devant l’écran où la mire Eurovision s’affichait à l’heure prévue.
Et c’était parti pour une tranche d’émotions qui enflammeraient à coup sûr nos vives discussions du lendemain sous les préaux de l’Education Nationale.
A contrario, quelle frustration pour un match qui ne viendrait jamais suite à une  grève de l’ORTF décidée le jour-même…ah, le France-Allemagne de février 1977…
Quel amoureux de foot n’a pas été abasourdi par Pelé et ses copains en 70.
Quel adepte du beau jeu n’a pas été conquis par les Oranges Mécaniques de 74.
Quelles joies ont procurées les épopées Stéphanoise, Sochaliennes et Bastiaises en Coupe d’Europe chez tous les supporters Français…
Autant d’images issues de ces diffusions hertziennes qui restent à jamais gravées dans les mémoires collectives.
Vous avez dit image ?
On y revient toujours.

Revoir des matchs ... Pourquoi faire ?
Ces images qu’il est possible maintenant de retrouver à qui veut bien s’en donner la peine…et certaines fois le prix.
De plus en plus fréquemment, par la magie de la toile Web, en surfant allégrement, il est possible de remettre la main sur ces pépites que l’on croyait à jamais reléguées au fond de la « cale-souvenir » de tout un chacun.
De par le monde, des collectionneurs s’échangent leurs listes impressionnantes d’un seul clic informatisé.
A la réception de celles-ci, que d’adrénaline !
En un seul coup d’œil, on repère le(s) match(s) que l’on rêvait de revoir depuis…depuis…
Quelques emails échangés, la confiance instaurée (il vaut mieux ! Qui provoque un impair se « grille » auprès de tous les autres collectionneurs…cette communauté, si nombreuse soit-elle, est un vrai panier de crabes en elle-même…tout le monde « se connaît ») et l’attente du courrier commence.
A l’instar d’une chanson précise, d’une BD d’autrefois, c’est le même sentiment qui revient à chaque fois.
Un trop-plein de souvenirs qui se bousculent au portillon de la mémoire.
Et même si rien ne vaudra jamais le vécu en direct d’un match de foot, il est de ces moments forts qui se sont scotchés ad vitam aeternam dans nos yeux-réceptacles.
Mais quel intérêt de revoir ces images, me direz-vous ?
Justement pour ne pas être dépendant du bon vouloir d’une éventuelle rétro distillé au compte-goutte par nos chaînes de TV.
Là, pas besoin d’attendre.
On a le dribble, le débordement, le plongeon du gardien à portée de main.
Par essence, le fan de foot aime à refaire le match au café du commerce.
Là, il peut réellement  expliquer et argumenter à propos de telle défaite ou victoire.
Il peut se réjouir de telle main mise d’une équipe précise sur une partie particulière.
Il peut savourer à satiété et jusqu’à la nuit des temps tel geste, telle phase de jeu, telle tactique employé par tel entraîneur.
Décortiquer, analyser, et surtout comprendre POURQUOI telle équipe était la plus forte.
Pourquoi tel joueur était au-dessus de la moyenne.
Et surtout…SURTOUT se faire PLAISIR !!
En ces temps sclérosés à souhait par les aléas de la vie, seul prime le plaisir que l’on peut s’apporter et partager.
Frissons…émotions…voire larmes certaines fois…
Eprouver de nouveau toutes ces sensations qui vous remuent du sol au plafond.
Qui ne ressent pas un pincement au cœur en revisionnant le mythique France –RFA de Séville ?
Qui n’est pas admiratif de la feinte de Pelé sur Mazurkiewicz ?
Comment ne pas maudire ces fameux poteaux carrés de Glasgow 1976 ?
Au risque d’une redite perpétuelle…TOUT N’EST QUE PLAISIR…

Un monde onirique ?
Mais tout ne se « récupère » pas malheureusement.
Il est de ces incunables qui perdurent…perdurent…
Il est plus facile pour le collectionneur de se procurer un Angleterre-Hongrie de 1953…qu’un Brésil-France 77 où Hambourg-ASSE 1980…allez savoir pourquoi ?
Et le « fun », c’est le match qui vient de l’étranger accompagné du commentaire local !
Ah, un RFA-Algérie 82 en arabe ou un Fla-Flu carioca sauce langue locale, ça a plus de charme pour les esgourdes que nos commentaires chloroformés et policés actuels…
Mais n’est-ce pas dangereux pour les zygomatiques et les neurones de se réfugier ainsi dans une pathétique nostalgie au risque de se couper du monde réel ?
Que nenni !! Aucun passéisme latent dans cette démarche. Aucune frustration malsaine.
Aucune complaisance dans un quelconque univers intime et onirique.
C’est justement parce que l’on respire ce satané football à ce point que tout est lié.
De nos esprits oxydés émane un tel parfum d’HIER que nous sommes demandeurs – toujours et encore-de vibrations nouvelles.
L’amour nostalgique que nous portons à ce jeu suinte par tous nos pores…mais ce n’est pas pour autant que nous dénigrons le football actuel.
C’est toujours avec autant de gourmandise que l’on vit aussi bien un Chelsea-Barcelone qu’un Lorient-Le Havre.
Bien ancré dans notre temps, un match de foot s’appréhende toujours avec le même espoir renouvelé d’une dramaturgie comme lui seul en recèle.
Et par delà l’éternité, quand s’entrechoquent les décennies, Yachine relance sur Thuram qui envoie à Zico, lequel balance sur Henry qui centre sur la tête victorieuse d’Eusebio.
Certains eurent le réflexe de comprendre qu’enregistrer des matchs de football - si futile que cela puisse être- pourrait apporter son lot d’émotions et faire «  bouger des choses » en soi …plus tard, bien plus tard…
J’eus la chance d’en faire partie.
Et je ne le regrette nullement.

Dernière mise à jour : ( 21-05-2007 )
 
< Précédent   Suivant >
Twitter
© 2024 Foot Nostalgie