sex foot rock'n'roll
Match Report : 1 FC Union Berlin Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par luckyr   
28-11-2011

Ma petite visite à un match du 1 FC Union Berlin...

Comme tous les ans donc, à l’occasion de mes vacances, j’essaie en fonction de mon lieu de villégiature d’assister à un match de foot local, histoire d’avoir un peu de football mâtiné d’exotisme…
Mon match exotique de l’année se déroulera donc à … Berlin… Exotisme limité, j’avoue…
Mais alors, quel  match aller voir à Berlin ? Le Hertha Berlin ? Le Dynamo ? le 1 Fc Union ? …
 

 
Je garde un excellent souvenir de la visite du Stade Olympique du Berlin que je conseille à tout fan de sport. L’audio guide vaut son modique investissement et  explique remarquablement les enjeux des JO de 1936, la manipulation, la propagande des nazis. Essentiel. … Pas un mot par contre pour le coup de boule de Zidane…  Essentiel non ? Je ne saurai jamais non plus sur quelle transversale des 2 buts Trézéguet a envoyé son tir au but … Ce n’était peut être pas si historique que ça en fait ...

Aller voir un match dans cette enceinte veut dire voir le Hertha Berlin jouer. Le Hertha est culte, les histoires qui narrent après la construction du mur, la venue hebdomadaire des supporters au pied de la dite démarcation pour encourager leur équipe à distance, oui c’est fort et témoigne d’un attachement de la ville à ce club qui semble ne s’être jamais démenti.

Je dois avouer malgré tout un problème, une gêne, à savoir : la Bundesliga et sa rénovation suite au mondial 2006. Effectivement les stades sont refaits, les stades sont pleins, le spectacle présent mais franchement… je perçois que pour un prix de billet élévé, je vais assister à un match pour le moins aseptisé, un spectacle, un divertissement quelque chose dans ce goût là. Cela ne m’enchante pas. Exotisme s’il vous plait, exotisme !
 

 
 
Tant pis pour le Hertha, un coup d’œil rapide sur les autres clubs pour voir que le Dynamo Berlin, la gloire de l’ex-RDA végète dans les divisions (très) inférieures. Cela semble convenir à la majorité tant ce club était lié à la Stasi. Pas de commentaire.

Et voici le 1 FC Union Berlin, club des syndicalistes en ex-RDA. Quelques titres nationaux (coupe de RDA), je vais sur leur site ( http://www.fc-union-berlin.de) : ils sont situé pas très loin de là où je réside, ça m’a l’air très familial, et puis c’est quand même Nina Hagen qui chante l’hymne du club , rock’n’roll!
 

 
Ils font l’ascenseur entre la Bundesliga 2 et la Bundesliga 3, je vois se profiler une équation Club Historique + Looser + Punk Rock qui ressemble à un parfait assemblage pour moi !
Le taxi qui me conduit de l’aéroport achève de me convaincre « c’est le club des berlinois ». Alors c’est signé ! C’est parti direction Köpenick et le stade AN DER ALTEN FÖRSTEREI pour découvrir le 1 FC Union Berlin qui jouera ce vendredi là face à Paderborn… affiche anecdotique en plein milieu de l’été soyons réalistes.

Petit repérage sur le plan, l’accès est facile depuis les transports, le sac à dos est  prêt, direction ma station de S-Bahn (Warshauer Strasse ) pour atterrir à  Köpenick. Je dois déjà avouer un certaine surprise à peine je mets le pied dans la rue :  je suis quand même à une certaine distance du stade, dans un quartier qui semble pas très foot, et que vois je dans la rue ? pleins de groupes de gens avec maillot du 1 FC Union qui se dirigent vers le train comme un seul homme. Je pressent un enthousiasme inattendu pour moi. Je me dis qu’en tout cas le stade ne va pas être dur à trouver en suivant la troupe.

Tous dans le train, 20mn de trajet et ça y est, comme souvent à Berlin, nous voilà au milieu des bois. Calme, nature et football. Des supporters, des supporters, des supporters en encore des supporters. Comme prévu, le flux se dirige vers le stade en longeant de magnifiques jardins ouvriers. Je devine que certains Berlinois doivent se faire des week end au vert ici très régulièrement. Découverte d’un mode de vie urbain nouveau pour le parisien que je suis: Pêche dans les lacs avoisinant, jardinage, vie au grand air. Comme si la forêt de Fontainebleau s’invitait à l’intérieur du périphérique, dur à imaginer en fait.
 
 

 
Je me dirige vers une caisse, fais connaissance avec 2 supporters à l’occasion d’un renseignement anodin demandé. Les quelques mots que j’échange avec confirment la passion qui semble les unir avec le club. Rires, anecdotes, les 2 gars ont l’air bien marrant, genre de couple comique mixant Laurent et Hardy ou Asterix et Obélix. Quelques mots de remerciement, “bon match, à tout à l’heure peut être ?”

Un peu plus loin, entourée d’immeubles de banlieue de trois ou quatre étages de haut, une aire pleine de terrains de foot pour enfants, derrière le stade, mais surtout les vélos ! partout des vélos ! Beaucoup semblent venir au stade comme ça. A la base je venais pour un club de syndicalistes, j’imaginais de bon vieux sidérurgistes durs à cuire et me voilà entouré de jardiniers écolos. Surprenant voire… exotique !

La traditionnelle fouille, un verre (consigné), un bretzel et me voilà en tribune dans un stade étonnement grand par rapport à ce que je pensais, 18000 places de capacité, très bien rempli pour un été, 12000 personnes sûr, peut être 15000. Seule la tribune visiteuse est quasi vide en fait. Le Kop fait comme un L entre la tribune derrière le but et une tribune latérale. Présence policière légère en haut des tribunes mais dissuasive tant l’équipement de Robocop calme les ardeurs belliqueuses.

Nina Hagen a fond dans la sono et le stade reprend en cœur, l’émotion et l’enthousiasme est palpable.

Nous les gens de l’Est allons toujours de l’avant

Epaule contre epaule pour une union de fer

Les temps sont durs et dure est notre équipe

C’est pourquoi nous allons gagner avec l’union de tous


Pas de négativité sensible dans l’assistance, une communion fervente (bien que tout le monde n’ait pas une allure d’enfant de chœur il faut l’avouer…). Beaucoup de femmes, des familles entières, des motards, des tatoués, des percés, des vieux, des jeunes. Une foule vraiment hétéroclite et toute en rougecomme le retranscrit le projet du Photographe Georg Krause avec son livre « Eiserne Menschen » (http://www.eiserne-menschen.de ou sur cette vidéo http://www.wideo.fr/video/iLyROoaftUCs.html).

Trêve de plaisanterie, le match commence et rapidement le FC Union ouvre la marque. Grosse joie dans l’assistance, forcément.

L’occasion pour moi de découvrir une table de marque originale: il y a dans une tribune comme une maison avec 2 fenêtres et chaque fenêtre permet d’accéder au score d’une des 2 équipes. Décalé comme truc, vraiment.
 

 
Soudain, une tape dans mon dos et qui revoilà, Thorsten et Voelker qui m’avaient renseigné précédemment. Là, je ne le soupçonne pas encore mais le piège vient de se refermer sur moi. Je les rejoins.

Discussion, je m’enflamme un peu, je vois que l’Union  a battu le Hertha la saison précédente, un but rapide « alors messieurs, cette année vous jouez la montée ? »… silence poli…  Je sens comme une retenue… une lecture plus attentive des scores me fera voir que la 1ere journée à domicile s’est soldée par une défaite 4-0, la journée suivante à l’extérieur ce sera encore 4-0 à Dresde. La défense n’est pas encore unie et de fer à priori…C’est un fait l’année va être longue pour l’Union Berlin.

Ce qui commence à être long aussi c’est le match. L’ouverture du score rapide semble bloquer les berlinois. Que faire ? Attaquer ? Défendre ? Paderborn n’a pas de question à se  poser et progressivement prend le contrôle du jeu et Berlin recule, recule, recule. Ça commence à sentir le coup foireux. Heureusement la mi-temps arrive. Pose buvette, et je me rends compte que je suis comme aspiré dans une mécanique imparable qui a pour but de me rendre joyeux pour ne pas dire.. saoûl ...  Thorsten et Voelker enchaînent les invitations, et une saucisse et une bière… re bière, re saucisse… et encore bière… ça a commencé depuis un certain temps mais là je commence à me rendre compte que progressivement mes pieds sont en train de décoller de terre.
 

 
 
La mi-temps offre l’occasion pour échanger plus avant avec mes 2 comparses : ils sont supporters depuis les années 70, originaire de Köpenick, leur enfants jouent au club. Et même s’ils ont déménagé, ils reviennent toutes les 2 semaines retrouver leur Union Berlin. La pêche sinon, ils adorent la pêche! Anecdote comme ça, l’air de rien : les supporters ont construit le stade... Pardon? C’est pas possible? Je suis saoûl ou presque, ça doit être un erreur de compréhension... mon allemand en plus étant ce qu’il est non... pas possible Recherche rapide et confirmation, la vache, CON-FIR-MA-TION de ce fait hallucinant, oui le club a connu divers problèmes de trésorerie et effectivement les supporters ont reconstruit le stade vétuste datant de l’ex-RDA en prenant sur leur week end et leur congés. Un DVD narrant l’aventure existe ( en allemand bien sur), le trailer est accessible ici (http://www.youtube.com/watch?v=PiAieS0bilw).
La discussion est passionnante, enflammée parfois touchante mais... le match a repris!
La défense de Padenborn a du forcer sur les saucisses et le gardien sur la bière : ils se déchirent 2 fois d'affiliée à la fin du 1er quart d’heure et du coup là c’est le délire dans le stade, forcément, chants, re-bière, re-saucisse !
 
 
3-0, le score est fait. La fin du match se fera dans la joie la plus complète.

A la sortie du match, mes 2 acolytes insistent pour me faire faire un tour au club house du club et m’invitent pour un dernier verre.
Il est hélas temps de devoir les laisser là, le cœur triste tant leur hospitalité et leur accueil aura été simplement gigantesque, spontané et vrai.

Je reprends le train, pas la peine de le dire, là encore c’est du délire complet. On insiste pour m’offrir une bière, bien sur. Si mes pieds commençaient  à quitter le sol il y a un peu plus d’une heure, il est important de noter qu’à ce moment là, je suis à 10000m d’altitude en pilotage automatique !

« Coin coin coin », comme dans la pub , me voilà au métro, ambiance fin de soirée… J’ai pris un pied énorme.  Moi qui cherchait un club populaire et convivial, » exotique »,  je pensais pouvoir trouver quelque chose de cette ampleur et profondeur là. Finalement peut importe de rester ou pas en Bundesliga 2, le 1 FC Union Berlin représente simplement un lien tellement fort entre des gens pour qui la vie n’est pas facile, que ce lien là lui semble avoir de beaux jours devant lui avec ou sans résultats mais ensemble pour des moments humains. Nicht Ohne Liebe : Eisern Union !

Le résumé du match est ici : http://www.youtube.com/watch?v=DNbG29dscDo ou là, en mode légos : http://www.youtube.com/watch?v=hzoRwLcQwnY

Quelques sons que j’ai enregistré sont ici :
http://soundcloud.com/lreverter/sets/unionberlin

Vous pouvez y entendre l’hymne du club, le début du match et le premier but, divers chants captés au fur et à mesure de la partie.
Sur le deuxième but, je dois avouer que c’est j’en ai peur, bien moi qui sature le micro... no comment...

Les photos que j’ai prise:
http://www.flickr.com/photos/lreverter/sets/72157627571352378/

 

Dernière mise à jour : ( 30-11-2011 )
 
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